Synopsis
Rêves de France à Marseille est le dernier d'une série de documentaires consacrés par Jean-Louis Comolli, le réalisateur, et Michel Samson, le journaliste, à la vie politique de Marseille. C'est également le premier distribué au cinéma, les autres ayant été diffusés à la télévision. Ils ont commencé leur série il y a treize ans par les élections municipales de 1989, qui faisaient suite à la mort de Gaston Deferre. Puis, ils ont continué avec six autres films, suivant toutes les élections importantes : régionales, législatives et municipales. Jean-Louis Comolli, après avoir été critique et rédacteur en chef aux "Cahiers du Cinéma", est passé à la réalisation : nombreux documentaires et films de fiction (La Cecilia, L'Ombre rouge). Quant à Michel Samson, après avoir été journaliste à "Libération",il est le correspondant du "Monde" pour la région PACA. La vie politique a toujours occupé une place particulière à Marseille, plus qu'au sein des autres grandes villes françaises : liens avec le banditisme, clientélisme très apparent (alors qu'il est certain que Lyon, Bordeaux ou Paris n'ont rien à lui envier dans ce domaine), mais avec le style et la faconde propres à la ville qui font que la fameuse "langue de bois" prend ici une tonalité particulière. Le film commence par les festivités des 2600 ans de Massilia, la plus vieille ville de France, avec le discours pompeux - mais c'est son style - du maire, Jean-Claude Gaudin, célébrant Marseille, ville où il y a toujours eu des étrangers. Le projet initial du réalisateur a toujours été fondé sur son intérêt pour les communautés, le cosmopolitisme de la ville. Or, en treize ans, les deux auteurs ont constaté un fort désir de la part des populations immigrées maghrébines de participer davantage à la vie associative et à la vie politique elle-même. C'est pourquoi la personnalité et l'aventure de Tahar Rahmani, conseiller d'arrondissement du parti socialiste, occupent une place centrale dans le film. En effet, conseiller sortant, il s'est retrouvé "oublié" par le PS sur les nouvelles listes. Romolli et Samson montrent et interrogent (avec présence à l'image du journaliste), les divers responsables. Et sous nos yeux, on les voit aller droit à l'erreur. Comolli parle d'une "scénarisation du réel", il ajoute que la force du cinéma documentaire est d'inciter "ceux qui participent au film à travailler eux-mêmes au " scénario " ". Le résultat est moins agréable que certains documentaires récents, mais c'est le réel qui en porte la responsabilité, non pas les auteurs.
© LES FICHES DU CINEMA 2003
