La Délation sous l'Occupation (2003) André Halimi

Pays de productionFrance
Sortie en France12 novembre 2003
Procédé image35 mm - NB
Durée84 mn
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Générique technique

RéalisateurAndré Halimi
ScénaristeAndré Halimi
Société de production Editing Productions
Distributeur d'origine Artedis (Paris)

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

"Vichy, un passé qui ne passe pas", écrivit l'historien Henry Rousso, dont on regrette l'absence dans ce documentaire déjà en partie diffusé en 1998 à la télévision, et enrichi de nouveaux témoignages. Pour Halimi non plus, et à juste titre, ce passé noir de l'Occupation et de la complicité active de Pétain, ses ministres et ses polices, avec l'occupant nazi, ne passe toujours pas. Il s'était déjà attaqué à la période, jadis, avec un simpliste Chantons sous l'occupation, ayant une fâcheuse tendance à culpabiliser le moindre artiste qui tentait tout bêtement de vivre de son travail comme tant d'autres. On retrouve encore un peu, ici, cette vision réductrice. Certes, Halimi a raison de rappeler qu'il y eut des centaines de milliers de dénonciations (trois millions, dit-il), dont la population juive fut la première et la principale victime. Mais, sauf à un petit moment où un témoin raconte comment il put être sauvé de la déportation, jamais il ne dit ce que de nombreux travaux, récemment ceux de Serge Klarsfeld, ont montré : nombre de Français, aussi, ont eu courageusement l'attitude inverse de celle des délateurs ; il n'y a pas eu trois millions de salauds (ou plutôt trois millions de dénonciations) et trente-sept millions de complices de leur ignominie entre 1940 et 1945. En dépit de cette (grave) lacune, ce documentaire ne manque pas d'intérêt. Peu par les documents d'époque qu'il nous propose, déjà moult fois vus (mais innover en ce domaine, depuis l'OEil de Vichy de Chabrol ou les recherches de Marc Ferro, est difficile) et insérés trop scolairement. Parfois vieillotte, aussi, la façon de filmer. Mais les témoignages sont souvent riches et parfois même passionnants. Émouvants aussi, tels ceux de Maurice Rajfus et de Raymond Aubrac, de victimes de dénonciations de voisins jaloux, de commerçants ou de médecins voyant là l'occasion de se débarrasser de concurrents, de minables voulant toucher la prime de 50 francs promise par l'occupant et ses complices, d'antisémites militants...Tous ces délateurs écrivaient. Signaient souvent leurs missives. On en entend, on en voit quelques-unes. Leur haine, leur bassesse satisfaite fait frémir. On se dit que ça pourrait revenir...On regrette que la part faite à ces témoins-victimes soit restreinte : elle aurait pu augmenter en supprimant certaines apparitions d'historiens ou psychiatre sans grand intérêt. En revanche, les apports de J-P. Rioux, de J-M. Berlière, et surtout de P. Ory, sur la responsabilité des journaux et écrivains collaborationnistes, Brasillach en tête, ou la délation dans la "bonne" bourgeoisie, sont remarquables. Tout comme ceux de S. Wolikow et S. Courtois, éclairant les zones d'ombre de la stratégie du Parti Communiste clandestin : un peu à la limite du "hors sujet", mais captivant...
© LES FICHES DU CINEMA 2003
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