Yo, sor Alice (2000) Alberto Marquardt

Moi, soeur Alice disparue en Argentine en 1977

Pays de productionArgentine ; France
Sortie en France05 mai 2004
Procédé image35 mm - NB - Couleur
Durée75 mn
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Générique technique

RéalisateurAlberto Marquardt
Société de production Point du Jour International (Paris)
ProducteurLuc Martin-Gousset
ProducteurEmmanuelle Fage
Distributeur d'origine Point du Jour International (Paris)
Directeur de la photographieLibio Pensavalle
Ingénieur du sonDominique Vieillard
Compositeur de la musique originaleRaúl Barbosa
MonteurClaudio Martinez

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Elle s'appelait Alice Domon, elle était religieuse, issue d'une famille paysanne de Charquemont, au coeur du Doubs profond. Alberto Marquardt a retrouvé et questionné sa famille. Ce sont, hélas, les passages les moins convaincants de son film : chacun dit peu, esquive. Réserve paysanne naturelle, ou incompréhension de l'engagement d'Alice, qui avait rejoint en 1956, à 19 ans, les "Soeurs des Missions étrangères", puis travaillé dès 1969 aux côtés du peuple des bidonvilles ou des paysans pauvres argentins ? On ne peut savoir. Heureusement, l'une des soeurs cadettes d'Alice Domon communiqua au cinéaste les lettres que celle-ci écrivit tout au long de sa mission argentine, jusqu'à son issue tragique. Des lettres qu'elle signait "Lisette", belles, parfois naïves, emplies de foi, traduisant l'évolution de sa pensée et de son action. Elles servent de guide au récit, le structurent : on ne peut qu'être ému en découvrant leur écriture presque enfantine, leur style peu à peu truffé d'hispanismes, et leur contenu sans cesse plus révolté, radical.Active dans le bidonville de Villa Lugano dès 1969, Soeur Alice applaudit, comme la grande majorité du peuple argentin, au retour de Peron en 1973. La liesse est de courte durée, et la vraie nature du "néo-péronisme" se révèle vite : Peron meurt en 1974, et sa veuve, Isabel, s'efface de plus en plus devant l'armée, couvrant les assassinats de personnalités et militants de gauche perpétrés par le "Triple A". Soeur Alice est alors ouvrière agricole, auprès des paysans pauvres de Perrugarria, participant à leurs combats. 1976 : coup d'état du général Videla ; l'armée intervient contre les paysans, enlève, tue, interdit aux soeurs de les cotoyer. En 1977, Alice retourne à Buenos-Aires, où la terreur militaire règne. La liste des "disparus" s'allonge indéfiniment, leurs mères, épouses, soeurs, fiancées, défilent sans cesse sur la Place de Mai : Soeur Alice les rejoint. Un officier, le capitaine Astiz, réussit à infiltrer leur mouvement. En décembre, Soeur Alice et une autre religieuse (Léonie Duquet) sont enlevées avec dix des "femmes de la place de Mai". Elles seront, comme des dizaines de milliers d'autres, torturées à la sinistre ESMA (Ecole mécanique de la marine), puis tuées, probablement jetées à la mer. Le gouvernement français ne fut guère virulent, et il y eut le trop fameux Mundial de 1978 : on pourrait reprocher à A. Marquardt sa trop grande réserve sur cette peu honorable question. On pourrait lui reprocher, aussi, une réalisation et un montage trop plan-plan. Mais, Yo Sor Alice est un beau portrait et un document intègre et rigoureux sur les sept années les plus tragiques que connut l'Argentine. Un film nécessaire.
© LES FICHES DU CINEMA 2004
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