Synopsis
Et si les surfeurs avaient tout compris au monde moderne, à ses rouages et sa perdition ? Précurseurs d'un "vivre autrement", ils ont su dire non au libéralisme, au capitalisme et à la vie de bureau, préférant la communion avec l'élément marin. Le passionné de surf et documentariste, Stacy Peralta, défend ainsi la thèse du nouvel homme libre, incarné dès les années 50 par le grand Greg Noll. Animé, voire obsédé, par la recherche d'invincibilité, il fut le premier à défier les vagues géantes et courir les plages, offrant un minimum de répondant à ses techniques de glisse peu orthodoxes. Il fut aussi le premier à faire du surf un spectacle. Et un commerce. A croire que l'on n'échappe pas longtemps à son époque ! Le surf est alors devenu une mode dont les gamines raffolent (pour les pratiquants ?) et sur laquelle les touristes mâles se ruent (pour les admiratrices ?). Presse et cinéma ne sont pas en reste : ils surfent aussi sur la vague "peace and love à OK Corail". Mais, selon Peralta, la récupération n'empêche pas les puristes de continuer à défendre l'essence de cet art. Parmi eux, Jeff Clark, un chevronné lui aussi, qui n'a de cesse de défier les vagues de Mavericks et frôler les rochers meurtriers. Parce qu'il faut savoir, chers néophytes, que plus c'est risqué et plus les surfeurs apprécient. C'est ça la vraie vie : trouver un terrain de jeu très dangereux et battre ses petits camarades. Bien sûr, à ce stade du documentaire, on pense que la vie de bureau a du bon, finalement. Surtout que le surfeur n'est pas un tendre, il aime être entre mecs et vivre avec la vague, "sa nana" (dixit Noll, amoureux de Waimea Bay, dite "la Tueuse" !). La compétition est exacerbée (la fierté dépasse l'instinct de survie), on se dit alors que l'esprit surf n'est peut-être pas si "fun". Mais Peralta sait nous rattraper à temps pour communiquer sa passion. Ces surfeurs retrouvent couleurs humaines lorsqu'ils perdent un des leurs, Mark Foo. Place donc maintenant à la séquence "surf communautaire", initiée par Laird Hamilton, l'inventeur du windsurf et du surf tracté par jet ski pour "attraper" des vagues encore plus grosses. Le surf devient affaire d'équipe et reprend ses quartiers de noblesse. Et on se met à frissonner devant amitié si soudée et exploit si géant. Si, si. Complètement subjectif et très ciblé, Riding Giants réussit quand même à intéresser ici ou là le plus ignorant (et rétif) d'entre nous. En ces temps où l'on rêve de soleil et de liberté, les surfeurs viendraient presque nous faire croire que l'on s'est trompé de vie !
© LES FICHES DU CINEMA 2004
