Synopsis
Ferdinand a fait un atroce cauchemar qui le décide illico à épouser Clémence, sa compagne depuis un an. Oui, mais épouser, c'est passer devant le maire, se jurer fidélité et de ces conventions bourgeoises Ferdinand ne veut pas. Clémence émet alors l'idée d'un mariage informel à La Cartoucherie. Ariane accepte et même mieux (ou pire), elle prend les choses en mains et transforme une cérémonie intime en spectacle grandiose avec chars de l'amour, bal et feux d'artifice final. Imposant sa loi, houspillant les uns et les autres avec un enthousiasme contagieux, elle dépossède les tourtereaux consentants de leur Fête de l'Amour. Ferdinand c'est Philippe Caubère, révélé au grand public en 1978 par le film Molière d'Ariane Mnouchkine, longtemps comédien du Théâtre du Soleil, à la Cartoucherie de Vincennes, sous la férule terriblement affectueuse de la même Ariane avec qui, depuis lors, il règle un compte oedipien par "spectacles pour un homme seul" interposés. La Fête de l'Amour est le deuxième volet de la "Trilogie amoureuse", elle même partie des onze spectacles qui compose "Le Roman d'un Acteur", filmé par Bernard Dartigues à l'Athénée. Seul en scène, sur un plateau nu, avec pour unique décor une chaise et un manteau, sous l'oeil de trois ou quatre caméras, P. Caubère réussit l'exploit de nous intéresser, trois heures durant, à cet épisode de sa vie privée. Maniant l'autodérision et l'humour vache(ment affectif) comme personne, déployant une énergie proprement sidérante, il donne à voir et à entendre tous les personnages à la fois, habité par un don de quasi-ubiquité (la séquence, entre autres, du portage des estrades soutenant les "mariés" en est un exemple hilarant). Sans véritablement imiter ses cibles ni contrefaire sa voix, il convoque les proches de son passé devant nous par la seule grâce de son talent, l'intelligence et la drôlerie de son texte. Égotiste et personnel, il l'est sans aucun doute, et Clémence, une fille sûrement formidable, qui l'a de surcroît supporté, présentée comme consensuelle et lymphatique, en fait un peu trop les frais. Mais, prodigieux de vitalité et surdoué, il l'est aussi, indéniablement. Quant à savoir si ces films relèvent du cinéma ou du théâtre, il a résolu habilement la question en ne les présentant que dans des théâtres ou des ciné-clubs. Chapeau, l'artiste ! Mais pourra-t-il un jour rejouer avec des partenaires ?
© LES FICHES DU CINEMA 2002
