Synopsis
Avec Gambling, Gods and LSD, Peter Mettler cherche à échapper à toute entreprise de catégorisation. En effet, loin des schèmes cinématographiques établis, ce film ovni par excellence épouse la structure d'un voyage de découvertes rétif à la conceptualisation en laissant les situations parler d'elles-mêmes et le spectateur participer activement à la construction du sens. Comme on le devine, Peter Mettler tente de rapprocher son film du mode de perception de l'enfant qui, pour Albert Hoffman que Mettler fait intervenir indirectement dans son film, est identique à celle vécue sous les effets de sa célèbre invention, le LSD. Ainsi, de façon quasi intuitive le réalisateur laisse voyager sa caméra au gré des rencontres, captant une multitude de lieux et de moments proches de la pure banalité qui, par une grâce certaine du raccord, prennent une couleur presque mystique. Si l'on doit unifier les expériences filmées par Mettler sous un thème précis, ce serait celui de la recherche de transcendance, ou comment, dans le kaléidoscope de leurs activités, les humains cherchent à s'évader et trouver un sens dans le divertissement. Lequel peut prendre la forme du jeu, de la religion ou de l'addiction à la drogue. Tel est le projet de Mettler : montrer comment de Toronto au sud de l'Inde, en passant par Las Vegas et Zurich, les hommes s'engagent dans une quête incessante de bonheur et cela particulièrement au travers des rassemblements de masse extatiques, dans les raves, les églises ou... les courses de caniches. Ce projet pour le moins ambitieux s'ancre dans une réflexion à la tonalité new-age et portant, un peu pataude, sur l'humanité conçue comme un corps unique englobant la multiplicité de nos vies. Bien que rebutante sous certains de ces aspects, cette vision a le mérite de nous questionner. En outre, le film ne franchit jamais la limite qui le ferait sombrer dans la démagogie. Mettler n'est pas un donneur de leçons, il procède par suggestions, évitements et surtout errements. Et ces divagations doivent beaucoup à leur habillage sonore travaillé avec génie, et donnant à Gambling, Gods and LSD, la structure d'un rêve éveillé, pour ne pas dire d'un trip. Petit bémol tout de même : où est le politique comme mode de dépassement et d'agir ensemble ? On aurait préféré que l'errance de Mettler se termine à Seattle ou Gênes plutôt que sur les visitations d'un gourou en Inde.
© LES FICHES DU CINEMA 2004
