Synopsis
Après les photos, le livre luxueux et les murs du Luxembourg offerts aux regards des badauds, voici venu "La Terre vue du ciel : le film". Soit un audacieux travail de mise en scène, mouvements et texte, de l'immuable travail photographique de Yann Arthus-Bertrand. Pour mémoire, la particularité de cet artiste est assez simple : toutes ses prises de vue sont faites en hauteur, plus précisément du ciel, depuis un hélicoptère la plupart du temps. Le contraire donc du travail à hauteur d'homme pratiqué par Ford dans le cinéma et Cartier-Bresson dans la photographie. Arthus-Bertrand a ainsi rassemblé une suite de clichés mélangeant des visions saisissantes de spectaculaires paysages, vus sous un angle nouveau, touchant presque à l'abstraction tant certaines images semblent venir d'une autre planète, avec des vues de villes et d'humains figés généralement dans leur travail. Derrière cette oeuvre, une certaine pensée s'est rapidement dégagée, basée sur une farouche écologie et une vision magnifiée de la nature, contrastant avec la masses grouillantes des hommes. C'est cette pensée que Renaud Delourme (qui, avant ce premier long-métrage, fut l'un des créateurs de l'émission
Thalassa) cherche à fouiller, voire expliciter, dans le film. Ce dernier est constitué de sept chapitres, regroupant les fameuses photos déjà maintes fois exposées. Celles-ci sont mises en mouvement par une caméra choisissant d'en montrer d'abord un détail, ou la totalité, selon la volonté du cinéaste. Il guide ainsi le spectateur à travers sa propre vision de l'oeuvre d'Arthus-Bertrand, et de la morale qu'elle sous-tend. Pour le guider, Delourme a composé un texte confié à deux voix : Bernard Giraudeau et un enfant, dessinant l'éternel face-à-face homme mûr - jeune candide. Ainsi,
La Terre vue du ciel n'est pas tant un film sur Y. Arthus-Bertrand que sur une lecture propre à Delourme de son travail. Se dessine alors un message convenu sur la beauté de la terre et le danger que représentent les hommes, relayé par des clichés se plaisant effectivement à visualiser les humains comme des fourmis, nombreuses, troublant quelque peu l'harmonie naturelle. Comme il a déjà été dit, Arthus-Bertrand est un artiste aimant, littéralement, regarder de haut, avec des vues dont l'humilité n'est pas le point principal, là où Capa et Cartier-Bresson voulaient au contraire fixer les gens dans toute leur imparfaite humanité. L'exploit est tout de même là, puisque le film est rythmé, se regarde avec plaisir et constitue une expérience esthétique indéniable. Au spectateur ensuite d'essayer de poser un autre regard que celui de Delourme sur les objectifs de l'artiste.
© LES FICHES DU CINEMA 2004
Réalisateur