Synopsis
Dans le dossier de presse d'
Uncovered,
Farhenheit 9/11 est qualifié à juste titre d'ouragan socio-politique. Un ouragan dont Uncovered n'est clairement qu'un ersatz : un coup de vent après la tempête, voire carrément une petite brise insignifiante et opportuniste. Certes, les intentions sont louables puisqu'il s'agit de démontrer comment l'opinion américaine s'est fait manipuler de façon à ce qu'elle avale sans trop broncher le concept de guerre préventive, avec comme cible le soi-disant coeur de l'empire du mal et du terrorisme : l'Irak. Le film s'en prend donc directement à la clique des néo-conservateurs en charge de l'administration Bush en débusquant toutes les contrevérités et les mensonges martelés par cette dernière depuis le 11 septembre afin de justifier la guerre. De façon méthodique, tous les discours de Bush, Rice, Powell et consorts sont ainsi passés au crible de la critique en vue d'en dévoiler l'inanité stupéfiante. Ce travail de fourmi est plus ou moins bien réussi étant donné l'ambition d'exhaustivité du film. Mais le problème vient plutôt de la façon dont Robert Greenwald a agencé et mis en forme ses (trop) nombreuses données, c'est-à-dire, en résumé, de la façon dont il a réalisé son film. Alors que
Fahrenheit 9/11 joue subtilement sur le terrain et avec les codes de la propagande (jusqu'à prendre la forme d'un tract politique tout en évitant de sombrer dans la démagogie), Uncovered, doté d'énormes sabots, cherche à inscrire ses revendications politiques dans le chemin plus classique de la scientificité, tout en épousant la structure des mauvais westerns. Le film se présente ainsi comme une suite continue et nerveuse d'interviews au fil de laquelle une pléiade d'experts sont censés cautionner le message. Le tout est scandé en chapitres de manière à rendre le film encore plus didactique et pédagogique qu'il ne l'est déjà. Comme le démontre l'introduction (pour le moins pathétique) du film, où chacun des experts se décrit en quelques phrases, ce sont véritablement ces derniers qui portent le film en assurant sa crédibilité politique. Ce parti pris peut à la limite se révéler intéressant, mais aussi très vite fastidieux et ennuyeux à mourir, surtout lorsqu'on a déjà quelques documentaires anti-Bush derrière soi. En effet, le message est et demeure toujours identique : "Le Président et ses petits copains sont vraiment des gros menteurs." Reste le pire : le choix de la musique, presque aussi mauvaise que du Jean-Michel Jarre dans ses pires moments.
© LES FICHES DU CINEMA 2004
