Aliénations (2003) Malek Bensmaïl

Pays de productionFrance ; Algérie
Sortie en France17 novembre 2004
Durée105 mn
DistributeurEurozoom (source : ADRC)
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Générique technique

RéalisateurMalek Bensmaïl
Société de production INA - Institut National de l'Audiovisuel
ProducteurGérald Collas
Directeur de la photographieMalek Bensmaïl
Ingénieur du sonHamid Osmani
Compositeur de la musique originalePhil Marboeuf
MonteurMatthieu Bretaud

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Aliénations. Un pluriel. Si l'on regarde les quatre entrées du dictionnaire, on s'aperçoit que le film appréhende toute la polysémie du mot. La première entrée situe le terme dans le vocabulaire juridique : "Transmission à autrui d'un bien ou d'un droit". C'est en quelque sorte le cas de ce documentaire, qui s'annonce d'emblée comme un hommage filial. M. Bensmaïl dédie ce témoignage à son père Belkacem Bensmaïl, doyen de la psychiatrie algérienne, comme un prolongement du travail amorcé par celui-ci. Un film d'héritage, donc, tant sur le plan individuel que collectif. Car sur cette transmission familiale se greffe l'héritage des malades eux-mêmes, porteurs des traumatismes de leur pays. Ces internés, dans leur perte de liberté, qu'elle soit volontaire ou subie, répondent, quant à eux, à la deuxième définition : "Abandon ou perte d'un droit naturel". L'hôpital comme ultime recours quand il n'y a plus d'autre solution à la vie. L'hôpital comme une prison salvatrice, un lieu d'accueil et d'écoute qui, en contrepartie, ne permet aucune liberté d'action. Le lieu de la dépendance, aux médicaments notamment. Echo langagier tristement ironique à une indépendance si péniblement acquise. Mais si l'hôpital est le lieu des corps contraints, canalisés, c'est aussi le lieu où l'on parle, où la liberté trouve sa place dans l'oralité. Et c'est le principal moteur de ce film qui écoute : celle qui ne dort plus, qui ne jure que par le travail, celui qui chante en permanence... C'est dans cette parole perturbée que s'exprime l'approche philosophique du mot : "Etat de l'individu dépossédé de lui-même par la soumission de son existence à un ordre de choses auquel il participe mais qui le domine". Chez chacun d'entre eux, la thérapie est un passage progressif vers une réadaptation au monde extérieur, vers la reconquête d'une identité fortement ébranlée, non seulement par les répercussions lointaines de la décolonisation mais aussi par les conflits socio-culturels actuels (le choc entre tradition et modernité, valeurs religieuses et démocratiques). Mais, s'il y est beaucoup question de religion (elle fait partie intégrante du processus de guérison) et de politique internationale, c'est toujours à l'abri des clichés médiatiques. D'où la force de ce film sans nul apprêt de réalisation, dans lequel l'espace hospitalier ne se résume pas à un confinement. D'ailleurs, l'aliénation, prise uniquement dans son acception mentale, s'avère être un emploi vieilli et relégué à la dernière définition : "Nom donné aux troubles psychiatriques qui nécessitaient l'hospitalisation permanente du malade". Au-delà de leur sens immédiat, les mots ont toujours plus à dire.
© LES FICHES DU CINEMA 2004
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