Synopsis
Le film commence très bien, avec une parodie du
Chant des partisans transformé en
Chant des courtisans. Dès lors, le ton est donné : il s'agit d'un film engagé, d'un film partisan. Le jeune réalisateur du film, Stéphane Arnoux (28 ans), dont c'est le premier long métrage documentaire, veut répondre à un besoin précis : "Il s'agit de porter un regard cinématographique sur ce qui arrive, pas seulement au cinéma ou à la culture, mais à notre société". Il appelle de ses voeux une prise de conscience collective, qui lui semble s'être illustrée par les mouvements sociaux de 2003 et 2004. Il précise : "Ce film est une façon de contribuer à cet effort nécessaire, pour porter le débat plus loin, avec les citoyens". Il divise son opus en trois parties. La première :
La Nouvelle société aborde plusieurs thèmes : la culture, la recherche, l'éducation, la santé, les droits sociaux, la société. Le tout est illustré par des images de manifestations, qui constituent le principal intérêt de
La Carotte et le bâton. Car, sans ce film, ces manifestations auraient déjà disparu des mémoires, ou même n'y auraient jamais eu leur place, excepté pour les participants. Et encore, ceux-ci sont très souvent comme Fabrice del Dongo à Waterloo : ils ne comprennent pas grand-chose à l'action. Les intervenants sont assez divers, mais il ne s'agit jamais de responsables politiques ou syndicaux : même le sénateur communiste Jack Ralite n'apparaît pas en tant que responsable du Parti mais en tant qu'homme politique à l'origine des États généraux de la culture. Les autres intervenants sont des gens de la base, et ce sont souvent les plus sympathiques, tels ce bibliothécaire en CDD ou même le doctorant en psychologie sociale de Paris X. La seconde partie : "La Refondation sociale" et la troisième : "Agir ensemble ? contre quoi ?" sont beaucoup plus politiques : lutte contre le libéralisme et le marché. Un marché qui a dénaturé le programme du Conseil national de la résistance, et a vidé de son sens le mot "citoyen". L'absence de responsables politiques ou syndicaux (hormis l'inévitable José Bové) est représentative de ces mouvements des intermittents du spectacle et des chercheurs qui allaient prendre la relève de la grande mobilisation du secteur public, des enseignants surtout, contre les retraites. Cette absence volontaire traduit bien le caractère activiste de ces mouvements et la faible réflexion politique et idéologique de cette période. Il faut souhaiter que ce film qui appelle le débat accède à la distribution militante.
© LES FICHES DU CINEMA 2005
