Dado tagueur (2004) Jorge Amat

Pays de productionFrance
Sortie en France23 février 2005
Durée70 mn
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Générique technique

RéalisateurJorge Amat
Société de production AAA - Acteurs Auteurs Associés
Distributeur d'origine Accatone Distribution (Paris)

générique artistique

Dado Djuric(dans son propre rôle)

Bibliographie

Synopsis

Non, il ne s'agit pas du portrait d'un quelconque tagueur de murs, mais d'une approche du travail du peintre Miodrag Djuric, alias "Dado", né en octobre 1933 au Monténegro, installé depuis des lustres en France, mais profondément marqué par la suite de tragédies que connut son pays. Si murs il y a, ce sont ceux de la chapelle désaffectée d'une ancienne léproserie de Gisors (non loin des Andelys), et les soi-disant "tags" sont les fresques que Dado y applique depuis 1999. S'il est un art difficile, c'est bien celui du "documentaire d'art", surtout quand il cherche à faire connaître et comprendre l'oeuvre d'un créateur vivant. Rares sont les vraies réussites, qui évitent les pièges du bavardage de l'artiste (qui n'est pas forcément le mieux placé pour clarifier sa démarche, et ce film le confirme !) ou de l'approche didactique. Jorge Amat, qui s'efface totalement derrière le peintre et sa création, n'y parvient pas pleinement. Ici pourtant, pas de didactisme pesant. Du bavardage ? Un peu, quand même ! On comprend que Dado ait pu être l'ami d'écrivains au désespoir rageur et concis comme Cioran ou Michaux : les correspondances ne manquent d'ailleurs pas entre ses thèmes et les créations plastiques du grand poète. Mais cet individualiste, plus ou moins au carrefour du surréalisme finissant et de l'"art brut", apparemment peu enclin à être un maître à penser comme à peindre, ne peut s'empêcher d'être parfois sentencieux, voire un peu fat. On le suit donc, la couleur de ses bonnets permettant de se repérer dans ses différents territoires, de la chapelle de Gisors (entre 1999 et 2003) à son domaine d'Hérouville, avec une ou deux escapades (assez vaines, d'ailleurs) à Montmartre pour une visite dans un atelier où Dado a ses entrées, et la galerie Beaubourg pour une exposition qu'il y monta naguère - corps mutilés, planches anatomiques détournées, obsession de la mort : peut-être trop laborieusement et sérieusement fabriqué, sans vraie flamme, tout ce que la dérision tragique d'un Topor avait su, elle, formidablement transcender. Sans pousser plus loin le jugement esthétique sur l'oeuvre de Dado, qui déclare ici que "la chose artistique, hormis les tagueurs, ne l'intéresse pas", reconnaissons à ses figures insuffisamment travaillées de la chapelle de Gisors une expressivité anxiogène, parfois comparable à certains chapitaux romans ou monstres gothico-"boschiens". Enfin, il faut souligner la force de la partition d'A. Duhamel, un hommage au grand Charles Mingus, décalé, surprenant, lyrique et sarcastique écho pertinemment irrévérencieux à l'univers souvent convenu mais parfois déstabilisant de Dado. En complément, un court métrage du même J. Amat, Dado Buffon, qui traquait le peintre en 1987 après qu'il eut réalisé un très inconfortable "hommage" au père de l'Histoire naturelle.
© LES FICHES DU CINEMA 2005
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