Synopsis
A l'origine, le film de sa vie : Marc Levie va enfin réaliser une histoire qui occupe un coin de sa tête depuis une quinzaine d'années, celle d'une femme mante-religieuse, amoureuse mais tueuse. C'est l'occasion tant espérée de passer au long, alors qu'il produit et distribue des courts métrages érotiques depuis trente ans. Mais c'est aussi perdre le risque de se frotter à la rigueur d'une longue entreprise. Le tournage commence, entièrement financé par le réalisateur lui-même (le rêve n'a pas de prix) avec une équipe composée de professionnels et de stagiaires (ambiance électrique !). Les ennuis commencent également. L'enthousiasme de Levie n'a d'égal que son amateurisme. O. Nataf, monteur de son état, est alors appelé à la rescousse : il manque des plans, le tournage est interminable, le film va droit à la catastrophe. Sentant que le tournage sera épique, O. Nataf décide rapidement de filmer le film en train de se faire, lentement, difficilement, mais sûrement. Nous assistons donc directement à la fin du tournage, et serons spectateurs jusqu'au clap final des péripéties de M. Levie.
Ne faites pas de cinéma ! se situe dès lors entre
Lost in la Mancha, sorte de making of lui aussi, mais d'un film qui ne se fera jamais, et Ed Wood, formidable portrait du plus mauvais réalisateur de tous les temps. Mais il faut admettre que le projet est ici moins ambitieux.
Ne faites pas de cinéma ! n'a, en effet, ni la dimension scénarisée du premier (la grande malédiction qui s'abat sur T. Gilliam), ni la mise en scène du second. Le documentaire d'O. Nataf a alors du mal à s'imposer comme un film à part entière. Pourtant, on se laisse happer par l'aventure, pris de sympathie pour M. Levie, et finalement curieux du destin de son
Festin. Accepté comme un "simple" making of,
Ne faites pas de cinéma ! se révèle alors un document drôle, attachant, et sans doute formateur pour qui se risquerait à la réalisation. O. Nataf nous montre la réalité d'un tournage, fait de bric et de broc, où se côtoient des techniciens confirmés (Michel Van Laer, l'un des plus grands chefs-opérateurs belges), des stagiaires dissipés et des acteurs capricieux. Dans ce joyeux foutoir, la détermination de M. Levie ne faiblit pas. Il est partout et nulle part à la fois, exigeant et lunaire, toujours entre deux coups de fil, quand il n'est pas en caleçon et bottes de caoutchouc dans un cours d'eau, pour réaliser sa grande scène censée se dérouler dans le grand Canada !
Ne faites pas de cinéma ! se rapproche alors de
Cinéastes à tout prix, de Frédéric Sojcher. Car, en dépit de leurs titres antinomiques : tous deux parlent de s'adonner, coûte que coûte, à la passion du cinéma.
© LES FICHES DU CINEMA 2005
Réalisateur