Synopsis
Deux groupes de rock : les Dandy Warhols et les Brian Jonestown Massacre. Deux groupes dont les patronymes indiquent déjà la trajectoire : le fameux quart d'heure de gloire théorisé par Warhol pour l'un, et la chute de l'ange mythifiée par Brian Jones (mort à 27 ans) pour l'autre. En les suivant pendant sept ans, Ondi Timoner nous permet de suivre de l'intérieur l'éternel "rock'n'roll circus". Mais la réalisatrice nous permet surtout d'observer une fois de plus les étroits et douloureux rapports entre art et commerce. Car l'opposition entre les deux groupes est avant tout celle de deux attitudes : l'un est prêt à faire des concessions pour atteindre le succès, l'autre est prêt à se saborder pour rester pur. Mais revenons au point de départ. Les deux groupes se connaissent depuis longtemps et se portent une admiration réciproque. Les Dandy vivent à Portland, les Brian Jonestown à San Francisco. Tous deux sont très influencés par la musique psychédélique des années 60, de Syd Barrett à Rocky Erickson. Petit à petit, les Dandy Warhols vont se creuser un chemin vers la consécration, tandis qu'Anton Newcombe, leader des Brian Jonestown, ira jusqu'à saboter un concert destiné à promouvoir son groupe auprès des maisons de disque. La réussite des uns va évidemment créer des relations tendues entre les deux formations. Et le film nous plonge dans ce vortex : jalousie, ego surdimensionné, génie incompris... Le plus curieux restant l'admiration que continue de vouer Courtney Taylor (chanteur des Dandy Warhols) à Anton. Car il paraît admis que celui-ci est le vrai créateur (il va jusqu'à étaler son identification à Brian Jones en jouant du sitar : moment un brin ostentatoire) ! Et c'est pourquoi Courtney, qui commente le film, n'exprime aucune animosité envers un Anton, qui ne se prive pas pour l'écharper. Fascinant rapport masochiste du fan face à son idole ! Car, si Anton peut se montrer charismatique, il peut aussi être totalement caractériel. Les multiples scènes où il se comporte en tyran avec son groupe finissent souvent en engueulade et en bagarre. La réalisatrice ne l'épargne pas, mais c'est lui qui tend le bâton ! On sent, malgré tout, chez Ondi Timoner une réelle fascination pour le personnage et ses excès. On pourrait même penser que la réalisatrice a tenté de monter son film en s'inspirant de la façon dont Anton crée ses morceaux. Le film souffre ainsi d'une construction erratique. L'énormité des rushes (1500 h), accumulés au fil d'un tournage extrêmement long, imposait sans doute que le montage soit conçu avec recul et rigueur. Mais cette distance manque à Dig !, et c'est ce qui l'empêche d'être plus qu'un étonnant document brut.
© LES FICHES DU CINEMA 2005
