Synopsis
Depuis le carton de
Buena Vista Social Club, le documentaire musical est devenu un genre à la mode. On ne les compte plus, et on peut même dire qu'on n'en peut plus, car, passées la surprise et la fraîcheur du premier, il est difficile de renouveler un genre qui se contente souvent d'une alternance de concerts, de séances d'enregistrement et d'interview des membres du groupe, le tout aéré d'images archétypales sur le pays ou la région de tournage. C'est encore le cas avec
Música cubana, dont la parenté avec
Buena Vista est lien de filiation direct puisqu'il en est une sorte de suite logique. Produit (entre autres) par Wim Wenders lui-même,
Música cubana revient à La Havane six ans après. On prend les mêmes et on recommence ? Pas tout à fait. D'abord, seul reste Pio Leyva, musicien chanteur. Ensuite, le procédé, s'il suit le même principe (réunir des musiciens d'horizons différents pour créer un nouveau groupe de talents de la scène cubaine), prend ici une forme légèrement différente, en confrontant le vieux Pio Leyva (85 ans au moment du tournage !) à des musiciens de la jeune génération, et, c'est la particularité de ce docu-fiction, en assumant l'artifice de la fiction. En résulte un film entre deux eaux, qui sonne parfois un peu faux (c'est le comble !). Une accroche narrative forcée nous fait d'emblée douter de sa légitimité : le célèbre musicien, alors qu'il se dirige en taxi vers la salle de concert où il est censé être déjà arrivé pour chanter son tube
Pio mentiroso, se voit proposer à tout bout de champ par son chauffeur de rencontrer de jeunes chanteurs talentueux, afin de monter un groupe dont il serait le directeur musical. Quant au chauffeur, il se réserve le rôle de manager-producteur. Rien que ça ! Pio, sceptique au début, change d'avis quand il voit sur scène la belle Osdalgia, moulée dans une robe qui laisse planer un doute quant à la véritable nature de l'admiration que lui porte l'octogénaire. Le film se déroule alors de rencontres en découvertes, de clubs en studios d'enregistrement, de reprises de classiques en nouvelles chansons. Le groupe Sons of Cuba est né, mélangeant, de par la diversité de ses membres, musique traditionnelle et genres modernes (rap, latino-pop). En résulte une musique festive et dansante, plus occidentalisée. Le public en liesse est galvanisé. Les Sons of Cuba sont des stars ! Et, en écho au concert final du Buena Vista Social Club à New York, eux aussi ont droit à leur heure de gloire à l'étranger, en partant jouer à Tokyo devant un public de Japonais en délire, qui reprennent en choeur les mélodies entonnées par Pio, du haut de son grand âge. Si on est blasé par le genre, on n'en est pas moins impressionné par cette énergie musicale. Mais c'est sur une piste de danse qu'on voudrait être dans ces moments-là, pas dans une salle de cinéma.
© LES FICHES DU CINEMA 2005