Synopsis
Les amateurs de danse hip-hop, s'ils ne connaissent pas déjà le "krump", vont se sentir à la traîne, voire pire, classiques. Qu'ils aillent voir Rize pour comprendre l'envergure du phénomène. Né dans les quartiers "chauds" de South Central à Los Angeles, le krump est le prolongement d'une nouvelle forme d'expression artistique, développée par Tommy Le Clown. Non, ce n'est pas une blague délirante. Thomas Johnson, de son vrai nom, a eu la géniale idée et l'audacieuse initiative d'animer des anniversaires pour les enfants défavorisés de son quartier en se métamorphosant en clown danseur de hip-hop. Et la recette a eu un tel succès qu'il a décidé de monter sa propre compagnie de clowns-danseurs. Depuis, le mouvement a pris une telle ampleur qu'une cinquantaine de troupes existe désormais dans le sud de la Californie et qu'une nouvelle danse est née. Plus agressif mais tout aussi festif et divertissant que le "clowning", plus brut, tribal et "tripal" que le hip-hop, plus rapide aussi, le krump permet aux jeunes d'exprimer corps et âme leurs frustrations, leur mordant et leur volonté farouche de s'en sortir, d'extérioriser leurs angoisses et leurs haines, leur spiritualité aussi. David LaChapelle, connu pour son travail de photographe adulé des stars, sait de quoi il parle, et sait le filmer. Alternant scènes intimistes où les danseurs se racontent (leurs parcours, leurs galères, leur entraînement forcené, mais aussi leur milieu et leur culture), et séquences animées d'une frénésie musicale qui atteint tout le monde et envoie valser une société timorée, castratrice et encore raciste, il sait capter l'exubérance sans fard, mais aussi "glamouriser" ses sujets. Car il aime ces corps en muscles, en sueur, fiers et beaux dans leur arrogance physique à harponner le monde et ses maux. Son esthétique, stylée, dynamique, branchée mais pas artificielle, convient parfaitement à l'énergie de cette danse urbaine qui s'exerce autant sur le macadam que dans des salles gigantesques, drainant un public galvanisé, échauffé... Les bandes rivales s'affrontent en dansant. Même principe que les "battles" : chaque équipe entoure un de ses membres, qui, chacun à son tour, vient danser sur le devant de la scène. Danser, ce n'est pas peu dire. A les voir se déchaîner littéralement, dans une ferveur et une fureur qui tiennent d'une mystique religieuse poussée jusqu'à la transe, on croirait qu'il y va de leur vie. Et c'est le cas : leur danse est une alternative artistique à la guerre des gangs qui sévit dans leurs quartiers, à la drogue, la violence, leurs familles implosées. Alors si LaChapelle colle à son sujet, un peu trop peut-être, il réalise ici un documentaire choc qu'on n'imaginait pas autrement que dans une relation de corps à corps.
© LES FICHES DU CINEMA 2005
Réalisateur