Dutch Harbor : Where the Sea Breaks Its Back (1998) Braden King, Laura Moya

Dutch Harbor, là où la mer vient s'éteindre

Pays de productionEtats-Unis
Sortie en France23 novembre 2005
Procédé image35 mm - NB
Durée73 mn
DistributeurE.D. Distribution (source : ADRC)
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Générique technique

RéalisateurBraden King
RéalisateurLaura Moya
ScénaristeBraden King
Société de production No Choice Film Production
Distributeur d'origine ED Distribution (Paris)
Directeur de la photographieBraden King
MonteurBraden King
MonteurLaura Moya

générique artistique

Bibliographie

Synopsis

Sur les cartes topographiques, l'archipel Aléoutien, à l'ouest de l'Alaska, apparaît comme un chapelet de petites îles éparpillées au hasard, dessinant des formes impromptues, comme échappées d'un test de Rorschach. Vue d'en haut, l'île d'Unalaska, rebaptisée Dutch Harbor (parce qu'un Hollandais y aurait fait "je ne sais quoi", d'après le commentaire laconique), ressemble alors à une patte d'ours. En s'en approchant, on réalise assez vite qu'elle partage d'ailleurs avec l'animal une certaine sauvagerie : contrée indomptée, nue, rude, Unalaska a connu une vague heure de gloire grâce à l'exploitation du cuivre, avant de servir de base militaire pendant la Seconde Guerre mondiale et d'être copieusement bombardée par l'armée japonaise. Aujourd'hui, elle devient un des principaux ports internationaux (notamment parce qu'elle ouvre sur la mer du détroit de Behring). Mais des paysages sévères dominés par une mer farouche et l'omniprésence d'un vent glacial lui confèrent un air pour le moins austère. Le genre d'endroit où le rêve américain a oublié de passer. Le genre de front de mer qui sait qu'il ne vivra jamais du tourisme ! Et pourtant, à mesure que la pêche se développe dans la région et que la civilisation s'installe, Unalaska s'emplit d'une aura tout autre, celle du mythe américain par excellence : le lieu de l'affrontement entre l'homme conquérant et la nature rebelle, la terre inédite où tout reste possible, comme un nouveau Wild West à défricher. C'est un peu de cette aura que le documentaire s'efforce, non pas de saisir, mais de retranscrire, d'incarner physiquement à travers l'image et le son. Puisqu'il s'agit de rendre compte d'un endroit, et de cet endroit seulement, les auteurs poussent l'audace jusqu'à ne jamais filmer les hommes qui l'habitent. Il se joue alors un jeu subtil entre les commentaires explicatifs - en voix off - des autochtones (un historien, un pêcheur, une artiste, une indigène...) et les images qui les "illustrent", comme des tableaux que l'on croirait peints au lavis. Baignées par une musique "ambiant" signée par des anciens de Tortoise et Sonic Youth, ces images frisent par moments l'abstraction à force de se laisser hanter par la répétition de leurs propres motifs : pêche, paniers de crabes, neige, route, pêche, paniers, etc. Le film échappe alors judicieusement à l'image d'Épinal et à l'étude ethnographique qu'on était en droit de redouter pour s'ouvrir sur une expérience sensorielle à la fois agréable et troublante.
© LES FICHES DU CINEMA 2005
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