Synopsis
De hangar en entrepôt, de réserve en dépôt, d'appartement en escalier, en sous-sol ou sur les toits, une poignée de danseurs, seuls ou par couple, évolue sur une bande sonore qui passe alternativement d'une musique criarde - guitares saturées de Derek Bailey - à une chanson rétro, a capella sautillant, interprétée en duo. Filmé sur fond de paysages urbains, d'architecture froide et dénudée, essentiellement en intérieur, les corps des danseurs se découpent, tour à tour, sur de larges aplats de béton, dans la blancheur d'une salle de bains ou dans la grisaille d'une grande ville du Nord. La chorégraphie, quant à elle, se décline en de brusques mouvements épileptiques (contractions, convulsions, crispations) et compose, quand ils existent, avec les objets du quotidien, propres à chaque espace : frigidaire, lit, baignoire et lavabo, valise, vêtements, livres, penderie... Ici s'incarnent les attitudes insolites et compulsives d'un jeune couple de marginaux, d'une fille dans un parking souterrain désert, d'un couple dans une maison en cours de démolition, de deux filles dans les pièces opposées d'un appartement, d'une femme enfin, qui, pour vouloir s'installer à l'étranger, vit des expériences plus ou moins rugueuses... Chorégraphie où se reconnaissent, ici et là, des gestes, des postures qui, bien que procédant de la vie ordinaire des uns et des autres, n'en reflètent pas moins l'état affectif ou psychologique d'individus en proie aux conventions sociales, aux chocs des rencontres, à la difficulté d'être. Ainsi le choix du regard revient-il à chaque spectateur : doit-il reconstituer à tout prix des trames narratives éclatées ? Se laisser aller, au contraire, au gré d'une réalité morcelée ? Ou aller précisément là où le film l'invite : "somewhere in between", quelque part dans l'entre-deux.
© LES FICHES DU CINEMA 2006
Réalisateur