Synopsis
"C'est dur de commencer... Tu le sais bien." Ainsi débute le documentaire de Sydney Pollack, consacré à son ami de longue date, l'architecte Frank Gehry, fameux créateur du révolutionnaire musée Guggenheim de Bilbao, ou encore de la Cinémathèque française. Après avoir longtemps refusé les propositions qui lui étaient faites, Gehry s'est finalement décidé à confier la mission de tirer son portrait à un novice : doublement novice, même, car Pollack s'essaie pour la première fois à l'exercice du documentaire, et avoue ne rien connaître à l'architecture. Mais, davantage que de s'assurer le regard amical d'un proche, Gehry a certainement voulu par là partager avec celui qui le filme la complicité d'un point de vue de créateur. Ainsi, tous deux sont-ils saisis d'angoisse devant la page blanche (Gehry commence par esquisser des formes sur papier), et sentent ensuite l'urgence de réaliser le projet pour lequel ils ont investi tant d'énergie au niveau de la conception. C'est indéniablement grâce à l'amitié et au respect qui unissent les deux hommes que Pollack peut filmer, en direct, les moments de pure création, lorsque Gehry s'amuse à construire ses maquettes et se révèle être un véritable visionnaire. Il enregistre également des paroles intimes, qui éclairent l'origine des idées novatrices de l'architecte : de son enfance chez sa grand-mère à fabriquer déjà des maquettes en carton à sa décision de s'affranchir des codes régissant son métier pour se rapprocher plutôt de la liberté de création des peintres, qu'il vénère et convoque dans ses inspirations. C'est encore une attitude que partagent les deux hommes : trouver l'interstice dans lequel il est possible d'aller au bout de ses idées. Bien sûr, un succès met à l'abri de contraintes trop fortes, mais encore faut-il se permettre d'en jouer. Gehry livre à ce propos une anecdote savoureuse : très peu connu, toujours en "banqueroute", il devait réaliser un bâtiment pour le siège d'une entreprise. Le PDG, ayant vu les précédents travaux de Frank Gehry, lui conseilla de ne pas se fourvoyer dans des projets si éloignés de ses goûts. Ainsi Gehry abandonna-t-il ce type de "contrats alimentaires" pour aller exprimer librement ses talents ailleurs : des maisons de stars à l'impressionnant Walt Disney Concert Hall.
© LES FICHES DU CINEMA 2006
