Synopsis
Bien sûr, Une Vérité qui dérange, documentaire américain de Davis Guggenheim, est précédé d'une réputation étrange : celle d'être le plus long spot politique jamais tourné ! Le reproche est exagéré, mais pas entièrement faux. Le succès et la couverture médiatique du film ont effectivement remis sur le devant de la scène le fameux ancien vice-président Al Gore, celui-là même qui perdit (ou pas) la très controversée élection présidentielle de 2000. Beaucoup soupçonnent Gore de vouloir "jouer au Nixon" et de se servir du succès d'Une Vérité qui dérange pour un grand come-back aux élections présidentielles de 2008. Du coup, chaque plan passe un peu au crible de cette question non résolue sur les intentions et ambitions d'Al Gore. Étrangement, loin de rendre l'oeuvre antipathique, cette dimension renforce la fascination, voire le suspense, créé par le film. Ce dernier part pourtant d'une démarche désintéressée : avertir des dangers actuels du réchauffement climatique. Un engagement sur lequel Gore est d'une crédibilité impeccable, puisqu'il prêcha officiellement la bonne parole écolo dès les années 1980. Une Vérité qui dérange s'organise en fait comme une adaptation de la conférence, avec images et animations par ordinateur, que donne régulièrement l'ancien futur président depuis sa défaite. Pour la bonne mesure, Guggenheim ajoute une rapide biographie de Gore, découpée en séquences. Ces moments sont constitués de photos noir et blanc sur lesquelles se pose la voix de l'ancien vice-président. Pour le reste, le film est une transposition littérale de la conférence, donnant une bonne idée des qualités d'orateur, voire d'avocat, d'Al Gore. Car son exposé, mélangeant chiffres pessimistes et prédictions catastrophiques (avec tout de même quelques touches d'humour pour faire passer la pillule fait froid dans le dos. Mais force est aussi de constater que sur cette base austère, Gore sait ménager ses effets et présenter ses arguments d'une manière captivante, arrivant à toucher et impliquer son auditoire.
© LES FICHES DU CINEMA 2006