Nocturnes pour le roi de Rome (2005) Jean-Charles Fitoussi

Pays de productionFrance
Sortie en France06 janvier 2010
Procédé image35 mm - Couleur
Durée80 mn
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Générique technique

RéalisateurJean-Charles Fitoussi
ScénaristeJean-Charles Fitoussi
Société de production Aura Été Productions (Paris)
ProducteurJean-Charles Fitoussi
Distributeur d'origine Pointligneplan (Paris)
MonteurJean-Charles Fitoussi

générique artistique

Cécile Bouissou
Frédéric Weibgen
Achille Straub
Amélie Dumont

Bibliographie

Synopsis

Ce film, présenté à Cannes à la Semaine de la Critique en 2006, est sorti avec un décalage de presque quatre ans. Ce qui est assez étonnant, dans la mesure où il s’inscrivait très précisément dans son époque, c’est-à-dire dans une période d’expérimentation des possibilités offertes par la technologie numérique. En effet, c’est alors qu’il ne parvenait pas à faire aboutir un autre projet que J-C. Fitoussi (Les Jours où je n’existe pas) a accepté la proposition de Benoît Labourdette (qui lançait la première édition du Festival Pocket Films) de tester un téléphone portable permettant de filmer pendant une durée d’une heure. Depuis, d’autres longs métrages réalisés avec des téléphones sont sortis sur les écrans, comme J’aimerais partager le printemps avec quelqu’un de Joseph Morder ou Téhéran sans autorisation de Sepideh Farsi. Toutefois, ces films ont peu convaincu. Car Morder, en essayant d’exploiter le côté intime, et Farsi, les possibilités transgressives de cet outil minuscule, n’étaient pas parvenus à montrer quoi que ce soit de spécifiquement nouveau d’un point de vue cinématographique. Il est donc intéressant de revenir au film de Fitoussi qui, lui, choisit avant tout d’assumer sa dimension expérimentale. En effet, le cinéaste a intelligemment opté pour une exploitation dramatique de la médiocre qualité des images produites par le téléphone. En déroulant un récit crépusculaire décrivant une mémoire qui s’efface et en se référant explicitement à des films primitifs de l’histoire du cinéma, il instaure une cohérence intime entre le fond et la forme, celle-ci devenant un vecteur de sens et de fascination. Filmées sur téléphone portable, les images du film se caractérisent par une hyper-pixellisation. Elles sont donc floues, comme mouchetées et mouvantes ; les couleurs sont altérées, les formes perdent en lisibilité, comme si les contours se diluaient, et l’écran se transforme en une sorte de toile impressionniste en mouvement. Le réel prend alors une dimension onirique, voire fantomatique, ce qui rend compte d’une perception venue des profondeurs de la mémoire, d’une conscience au seuil de la mort. Et c’est là que le fond rejoint la forme en une fusion totalement cinématographique. Car la subjectivité du personnage nous est restituée non seulement par les images, mais aussi par les sons. En effet, la voix du vieux compositeur nous accompagne, relayée par de nombreuses plages sonores et musicales qui viennent structurer le récit, lui donner son rythme et sa tonalité. Car s’il a un sens de l’image et du cadre évident, Fitoussi est aussi fin mélomane. La bande-son n’est pas là pour illustrer : elle participe au mouvement interne du film. Quant au personnage du vieux compositeur, si nous l’entendons, nous ne le voyons jamais. En faisant corps avec sa perception, nous faisons corps avec lui. Et c’est dans cette alchimie globale que Nocturnes pour le roi de Rome atteint une forme de plénitude cinématographique.
© LES FICHES DU CINEMA 2010
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