Synopsis
La frêle barque d’Alvaro et le puissant bateau-taxi d’El Turu disent tout de leur statut respectif dans l’île. Alvaro survit grâce à la récolte de roseaux et à la restauration de livres anciens que lui confie une libraire de la ville voisine. Au sein d’une communauté repliée sur elle-même, son homosexualité fait de lui un être marginal et profondément mélancolique. Solitaire, ses échanges se limitent à des aventures avec des plaisanciers, à des matchs de football pareils à ceux de l’enfance et à son amitié avec le vieil Iribarren, un ami de son défunt père. Tout en virilité, El Turu méprise Alvaro, et cherche à l’humilier à chaque occasion. Assurant la communication entre l’habitat dispersé le long du fleuve et la ville située en aval, il s’affirme comme le gardien d’une communauté anémique. Obsédé par les "misioneros", ces étrangers en quête de travail qui s’installent dans les environs, et qu’il accuse de tous les maux, il incendie le campement d’une famille de migrants pour les chasser. Alors que les insulaires fêtent le trophée remporté par l’équipe de foot junior, Alvaro entraîne El Turu dans une confrontation qui s’achève finalement en étreinte. Le lendemain, El Turu subit la vengeance des "misioneros", qui lui ont tendu un piège. Le vieil Irribarren s’éteint d’une belle mort. Avec lui disparaît la mémoire d’une époque héroïque, comme enfouie dans le silence des eaux du Delta.
© LES FICHES DU CINEMA 2007
