Synopsis
Chaque hiver, les roses fleurissent sur la tombe de Soeur Rachel, le maître à penser de Leni Gruyten. Elle approche maintenant de la cinquantaine, Leni ! Menacée d'être expulsée d'un appartement qui, jadis, lui appartenait, elle vit aujourd'hui avec un Turc aussi incomprise et détestée que lorsque pendant la guerre elle avait vécu avec un Russe. Boris, elle l'avait rencontré, prisonnier, chez Pelzer qui tenait une boutique de couronnes mortuaires : à cette époque, son fiancé et son frère, qui avait déserté, étaient morts depuis longtemps ; et son père, qui avait monté une usine fictive, afin de contribuer, à sa façon, à la chute du Reich, était déporté. Leni gagnait mal sa vie, ce qui ne l'empêchait pas de se ruiner, par goût et par orgueil, pour du vrai café, au marché noir. Elle se prit de passion pour Boris comme par une sorte de dernier défi à la médiocrité qui l'entourait. La paix revint, et, avec elle, Gruyten père. Boris, qui vivait sous une fausse identité, fut emmené un jour. Leni avait bientôt appris sa mort. Le père Gruyten, lui, s'était suicidé. Leni avait vieilli sans changer ; de « fille à Russes », elle était simplement devenue « fille à Turcs ». Et face à elle, qui offrait éternellement des biscuits, son groupe d'amis disparus attendait qu'elle meure pour s'éteindre une seconde fois.
© Les fiches du cinéma 2003