Synopsis
Cette méditation fantaisiste et surréaliste de Luis Bunuel est impossible à résumer rationnellement car, par essence, elle s'oppose à toute raison. Il s'agit du voyage de deux clochards goguenards qui, sur la route de Saint-Jacques de Compostelle (le célèbre pèlerinage était comparé au Moyen Age à la Voie Lactée qui traverse le ciel) font toutes sortes de rencontres insolites dont la succession échappe au temps et à l'espace. Les deux hommes passeront indifféremment d'un lieu à l'autre, d'un siècle à l'autre. Un homme vêtu de noir les aborde sur la route et leur parle comme Dieu parla à Osée dans la Bible. Dans une auberge, un curé discute avec un gendarme de l'Eucharistie. A la fin de cette épineuse discussion, deux ambulanciers emmènent le prêtre, qui n'est autre qu'un échappé de l'asile psychiatrique. Dans un restaurant « quatre étoiles », un maître d'hôtel féru de théologie réfute devant les serveurs les hérésies sur la double nature du Christ. A un moment, l'un des deux clochards pense au Christ et aussitôt nous voyons la Sainte-Famille comme la représentent les gravures saint-sulpiciennes. L'équipée picaresque des deux hommes les amène aussi à assister à une parodie de spectacle de fin d'année donné par les petites élèves d'un collège religieux. Chemin faisant, ils passent à côté de toutes les hérésies qui s'animent et revivent sous leurs yeux ; celle de Priscillien, jouée en latin, celle des manichéens, condamnés par un concile du VIe siècle. Transportés ensuite au XVIe siècle, les deux clochards assistent à un duel à l'épée entre un janséniste et un jésuite. Ils arrivent enfin à Saint-Jacques de Compostelle pour y trouver la prostituée dont leur parla, au tout début de leur périple, le prophète Osée. Et ils voient le Christ accomplir un miracle qui n'en est peut-être pas un.
© Les fiches du cinéma 2001